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Articles avec #68 premieres fois catégorie

2023-04-18T17:51:06+02:00

Fuir l'Eden d'Olivier DORCHAMPS

Publié par Tlivres
Fuir l'Eden d'Olivier DORCHAMPS

Editions Pocket

Ce roman, c'est d'abord une rencontre organisée dans le cadre du Prix du Roman Cezam 2023 avec une soirée passée à la Bibliothèque Nelson Mandela d'Angers, un très beau moment comme peut les offrir la littérature.

Olivier DORCHAMPS, j'avais fait connaissance avec sa plume grâce aux 68 Premières fois, l'occasion d'un petit clin d'oeil à l'équipe. Il était alors question de son premier roman : "Ceux que je suis" aux éditions Finitude, un bijou.

J'attendais donc avec impatience de pouvoir le retrouver avec "Fuir l'Eden", déjà lauréat du Prix des Lecteurs de la Maison du Livre, du Prix Louis GUILLOUX, du Prix des Jeunes – Alain SPIESS. C'est une nouvelle fois un roman où l'humain prend toute sa place.

L’Eden, c'est le doux nom (à mourir de rire… jaune) donné à deux immeubles, une tour et une barre, classés auprès du Fonds Mondial pour les Monuments en Grande-Bretagne. L'Eden, c'est l'illustration de ce qu'a pu produire le mouvement architectural du brutalisme en termes de construction de l'après-guerre, pour le meilleur... comme pour le pire. Derrière les intentions de professionnels du bâtiment habitent des hommes et des femmes. Adam sait bien ce qu'il en est. Il aura bientôt 18 ans. Il est né dans un environnement familial violent rongé par l'alcoolisme du père et les violences conjugales. Sa mère a fui, le laissant avec Lauren, sa petite soeur, dans les griffes de l'ogre. Heureusement, leur grand-mère est venue à leur secours pour sauver ce qui pouvait l'être, leur corps et leur âme !

Ce roman, c'est d'abord un procès fait à ces constructeurs qui imaginent, sur plan, des lieux de vie qui n'ont absolument rien d'humains. Là où les hommes et les femmes aspirent à trouver un cocon, on leur offre des lieux tout justes à photographier pour des touristes avides de découvrir la trace d’un grand nom du monde de l’architecture.

La trace, elle, marque au fer rouge celles et ceux qui y habitent. Dis moi où tu vis, je te dirai qui tu es. L’Eden, qui n’a rien d’un coin de paradis, accueille des familles qui accumulent les fractures (sociales, financières…).

J'ai personnellement été profondément touchée par l'itinéraire de cette famille, une jeune femme qui donne naissance à Adam alors qu'elle n'a que 17 ans, un compagnon alcoolique, un projet immobilier qui sera la ruine du couple.


Non, personne ne lui avait jamais dévoilé que devenir une femme signifiait saigner tout sa vie. P. 65

Le personnage d'Adam est profondément émouvant. Il donne à voir ce que l’humain peut trouver de ressources pour se sortir d’une situation de crise. Il s’est fait protecteur de sa sœur jusqu'à lui imaginer une histoire... un conte de fée.


Claire a raison, certains moments méritent de ne pas finir noyés au milieu de centaine de photos. Ils nous appartiennent et se fondent doucement dans nos mémoires. Et il suffit de fermer les yeux pour les revisiter. P. 204

Cette maturité précoce, la charge mentale qui a pesé sur ses épaules, sont autant de cailloux dans sa chaussure le rendant un jour incapable de marcher.

Et puis, il y a cette formidable histoire avec une femme âgée, une professeure d'université, non-voyante, qui demande qu'on lui lise des livres à domicile.


Les livres permettent de mieux vivre et la vie, de mieux lire. C’est une question d’équilibre. P. 178

Je ne vous en dirai pas plus, juste que des bouffées d’air comme celle-ci, Olivier DORCHAMPS vous en réserve quelques unes.

Enfin, ce roman ne serait pas ce qu’il est sans une pointe de suspense. Autour d’une histoire d’amour impossible tourne en boucle un jeune homme assoiffé de liberté !

A la question des bibliothécaire d’une qualité qu’il pourrait revendiquer, Olivier DORCHAMPS répond : « l’altruisme ». Loin de lui l’idée de se targuer d’un trait de caractère que l’on ne retrouverait pas dans sa prose. Laissez-vous porter par sa sensibilité hors pair. Si l’homme aime à concourir à la mémoire d’une société bien mal en point, il croit aussi profondément en l’avenir de l’humanité. Dans un ciel fait de grisaille, lui sait faire la place à des rayons de soleil et dessiner des arcs-en-ciel !

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2023-02-11T07:00:00+01:00

Blizzard de Marie VINGTRAS

Publié par Tlivres
Blizzard de Marie VINGTRAS

Parce que la rentrée littéraire ça se passe aussi en poche, place aujourd'hui à "Blizzard" de Marie VINGTRAS initialement publié aux éditions de l'Olivier et désormais chez Points. J'ai découvert ce roman avec la #selection2022 des 68 Premières fois.

 

Les premières lignes sont saisissantes :


Je l'ai perdu. J'ai lâché sa main pour refaire mes lacets et je l'ai perdu.

Dès lors, tout peut arriver. Dans un climat hostile, deux êtres, dont on ne sait rien, qui, il y a encore une seconde, étaient solidaires dans leur destinée, se retrouvent seuls. Bess, une femme raconte son effroi, la culpabilité qui la tenaille déjà. Et puis, vient Benedict, un homme. Quand il découvre la maison ouverte et personne à l'intérieur, il s'inquiète, il peste. Lui sait que dans son pays, le simple fait de lâcher une main se fait au péril de la vie. Il est né là, en Alaska. Et encore, Freeman, un retraité noir. Et enfin, Cole. Dans la situation présente, il y a urgence à agir, à la vie à la mort.

Marie VINGTRAS nous livre un thriller psychologique haletant. Je peux bien l'avouer, une fois commencé, je n'ai pas pu le lâcher, moi !

Il y a d'abord les personnages qui un à un se saisissent d'une réalité et improvisent dans la prise de décision. L'autrice nous livre une galerie aussi mystérieuse qu'hétéroclite. Tous, dans leurs conditions, ne sont pas armés à égalité. Quand un homme ou une femme est exposé.e à des conditions climatiques extrêmes, il y a des choses à faire (ou ne pas faire), il y a des réflexes à adopter, mais encore faut-il les avoir appris, les maîtriser aussi.

 

Comme j'ai aimé ce roman pour ce qu'il véhicule de puissance, pour ce qu'il génère chez les êtres humains qui imaginent la fin de leur vie imminente et ont cette envie irrésistible d'en dérouler le fil.

Comme j'ai aimé passer des moments d'intimité avec des personnages en introspection, seuls avec eux-mêmes, seuls confrontés à leur propre sort.

Comme j'ai aimé la narration, arriver à chaque fin de chapitre, court pour donner encore plus de vitalité au propos, et découvrir la petite phrase qui va encore faire monter d'un cran l'intensité.

Comme j'ai aimé la chute, prodigieuse. 

Comme j'ai aimé ce premier roman exceptionnel dans une plume presque cinématographique. Je crois que je vais garder très longtemps en mémoire les images que Marie VINGTRAS a fait naître dans mon esprit.

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2023-02-04T07:00:00+01:00

Les maisons vides de Laurine THIZY

Publié par Tlivres
Les maisons vides de Laurine THIZY

Parce que la rentrée littéraire, ça se passe aussi en poche, place aujourd'hui à un premier roman exceptionnel, "Les maisons vides" de Laurine THIZY aux Éditions de L’Olivier.

Le rapport au corps est le fil rouge de ce premier roman orchestré d’une main de maître. Depuis ses premiers jours, Gabrielle a dû apprendre à dompter ce corps, inachevé du prématuré, mal formé par l’infirmité, maîtrisé par la pratique sportive qui ne manque pas de reprendre ses droits dès le premier effort abandonné. C’est le jeu d’équilibre d’une vie qui, chez Gabrielle, prend une dimension toute particulière.

Et puis, il y a ces parenthèses des clowns à l’hôpital, des moments aussi fugaces que bouleversants, aussi rapides que l’éclair, aussi puissants que le tonnerre. 

Il y a encore le rapport à la religion. Comme j’ai aimé le parcours initiatique de Gabrielle aux côtés de Maria, la vieille espagnole, celle qui a fuit la guerre civile de son pays, celle qui est arrivée en France en franchissant les montagnes des Pyrénées, celle qui est veuve mais d’une sagacité incroyable, et qui comprend mieux que personne la sensibilité de son arrière-petite-fille.

 

Il y a enfin le rapport à la mort, celle-là même qui vous saute à la gorge dès les premières pages et qui ne va pas manquer de vous menacer tout au long du roman. Là aussi, un jeu d’équilibre que Laurine THIZY termine en apothéose.
 
Quelle plume, la main de fer dans un gant de velours, quelle construction narrative, une alternance de chapitres méticuleusement rythmés, quel premier roman, une lecture coup de poing, tout simplement. J'en suis sortie K.O., bravo !
 
Ce roman, découvert avec les 68 Premières fois, est une petite bombe.

Il est lauréat des 

 
Prix Régine DEFORGES du premier roman
 

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2022-09-15T06:00:00+02:00

Faire corps de Charlotte PONS

Publié par Tlivres
Faire corps de Charlotte PONS

Ma #citationdujeudi est l'occasion de revenir sur un #secondroman de la #selection2022 des 68 Premières fois, "Faire corps" de Charlotte PONS aux Editions Flammarion.

Ce livre résonne profondément avec l'interview d'hier de Virginie EFIRA et Rebecca ZLOTOWSKI, elles répondaient au question de Léa SALAMÉ dans le 7/9.30 de France Inter pour la promotion d'un film qui sortira au cinéma le 21 septembre et que je me promets d'aller voir : "Les enfants des autres".

Il y est question d'une femme qui s'attache à l'enfant d'une autre et pose la question : "Qu'est-ce qu'être mère ?".

Sandra, la narratrice du roman de Charlotte PONS, a la quarantaine. Depuis le drame de son petit frère, elle a pris la décision de ne jamais être mère. De fait, ses aventures avec les hommes n’ont été que de courte durée, des soirées sans lendemain. Quand son ami d’enfance, Romain, homosexuel, lui fait part de son désir d’un enfant et des nombreuses tentatives de GPA (Gestation Pour Autrui) aux Etats-Unis, sans succès, Sandra se retrouve malgré elle au cœur d’une sombre histoire de prêt de son corps.

Avec ce roman, Charlotte PONS explore les différentes dimensions d’une mère et de l’identité d’une femme à travers le filtre de la maternité.

Ce roman aurait pu être militant, il ne l’est pas, il met toutefois le doigt sur les enjeux éthiques, sociaux, économiques, sanitaires, politiques… que revêt la GPA. L’écrivaine nourrit notre position personnelle sur le sujet. 

La plume de Charlotte PONS est directe et les mots puissants. J'ai été frappée en plein cœur.

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2022-09-07T06:00:00+02:00

Jour bleu de Aurélia RINGARD

Publié par Tlivres
Jour bleu de Aurélia RINGARD

Parce que je ne lis plus les quatrièmes de couverture des livres depuis belle lurette, dans le cadre de l'édition #jamaissansmon68, je vous propose de découvrir les premières lignes d'un roman de la #selection2022 des 68 Premières fois : "Jour bleu" d'Aurélia RINGARD aux éditions Frison-Roche.

Il y a eu cette soirée de vernissage d’une exposition, cet échange entre elle et lui, et puis ce rendez-vous trois mois plus tard, gare de Lyon. Elle habite Paris. Lui arrivera avec le train venant d’Annecy à 13h. Arrivée tôt le matin, pour être à l’heure, elle se remémore les trains du vendredi soir, ceux qui l’emmenaient elle et son frère passer le week-end chez leur père. Leurs parents étaient divorcés. Quel déchirement de devoir la quitter, elle. Le temps de l’attente est l’opportunité pour les souvenirs d’affluer, de retisser le fil de la vie de celle qui a trente-cinq ans. C’est aussi celle de nourrir le désir…
 
Aurélia RINGARD nous livre un premier roman ou l’introspection d’une jeune femme dans un lieu public les quelques heures précédant les retrouvailles avec son amant.
 
Elle observe celles et ceux qui l’entourent, la société en transit qui, dans un café de gare, vit un sas entre deux existences comme autant de prétextes à inventer les vies, heureuses ou bafouées, lire les émotions qui s’expriment sur les visages et agitent les corps, trouver les mots pour traduire les ressentis…
 
La jeune femme a besoin d’un ancrage, de valeurs sur lesquelles compter, de faire le point sur ses propres intentions à elle, avant de les diluer avec celles d’un autre. 
 
Elle prend le temps nécessaire pour une parfaite maîtrise de soi. C'est cet exercice qui a capté mon attention.
 
Aurélia RINGARD joue sur les registres du regard, l’un porté sur l’extérieur avec ce qu’il a de profondément troublant et l’autre porté sur l’intérieur, un brin spirituel, qui cherche la confiance en soi.
 
Dans une narration qui alterne le voyage intérieur avec le je et le survol d’une scène de genre avec la troisième personne du singulier, Aurélia RINGARD nous offre un roman singulier, très actuel, qui interroge sur le chemin restant à parcourir pour chacun.

Si vous optez pour #jamaissansmon68, vous n'aurez que l'embarras du choix !

"Faire corps" de Charlotte PONS

"Aux amours" de Loïc DEMEY,

 "Les nuits bleues" de Anne-Fleur MURTON,

"Furies" de Julie RIOCCO,

"Les maisons vides" de Laurine THIZY, découvrez les premières lignes

"Ubasute" d’Isabel GUTIERREZ,

"Les envolés" d'Etienne KERN,

"Les enfants véritables" de Thibault BERARD, un coup de , découvrez les premières lignes

"Une nuit après nous" de Delphine ARBO PARIENTE

"Blizzard" de Marie VINGTRAS,

"Saint Jacques" de Bénédicte BELPOIS,

 "Les confluents" de Anne-Lise AVRIL, découvrez les premières lignes

"Le parfum des cendres" de Marie MANGEZ, découvrez les premières lignes

"Jour bleu" de Aurélia RINGARD

"Debout dans l'eau" de Zoé DERLEYN,

"La fille que ma mère imaginait" de Isabelle BOISSARD...

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2022-09-01T12:07:58+02:00

Les confluents de Anne-Lise AVRIL

Publié par Tlivres
Les confluents de Anne-Lise AVRIL

Parce que je ne lis plus les quatrièmes de couverture des livres depuis belle lurette, dans le cadre de l'édition #jamaissansmon68, je vous propose de découvrir les premières lignes d'un roman de la #selection2022 des 68 Premières fois : "Les confluents" de Anne-Lise AVRIL aux éditions Julliard, une invitation au voyage.

Jaya quitte son île indonésienne. Nous sommes en 2040. Il souffle un air d’apocalypse sur ce petit coin de paradis. Les tortues qui nageaient au pied des pilotis des maisons ont disparu. L’océan continue d’envahir les terres. La température est caniculaire. Jaya quitte aussi son frère, Aslam, qui, lui, continue d’avoir la foi en son territoire, sa planète. Il plante incessamment des palétuviers dans la mangrove. Liouba et Talal, eux, embarquaient, s’envolaient, quittaient leur terre pour le travail. Nous sommes en 2009. Elle est née à Moscou d’un père français, botaniste, et d’une mère de Sibérie, journaliste, tous deux récemment disparus. Elle, dans les pas de sa mère, se destine à l’écriture. Elle a choisi de parler d’un homme qui plante des arbres pour reconstituer une forêt native dans le désert. Elle voudrait faire rayonner la technique zaï venue du Sahel et qui permet aux végétaux de pousser grâce à l’action des termites. Lui vit à Berlin et parcourt le monde. Il est photographe. Un jour, ils se croisent, se parlent, c’est là que leur histoire commence… et que tous les destins vont se croiser !
 
Ce roman, c’est celui du mouvement, celui de la terre qui tourne sur elle-même, celui de la terre qui tourne autour du soleil. A l'image de cette forme de révolution, des êtres sont sur le départ. Ils quittent leur pays, par la voie de l’eau ou des airs, en quête d'une terre d'asile.
 
Il y a la menace des grands mouvements de populations, ceux guidés par le besoin irrépressible de sauver sa vie contre vents et marées, ce proverbe n'a jamais été aussi vrai. Il y a là un réflexe presque animal, un instinct de survie qui poussent les réfugiés climatiques à partir.

Ce roman, c’est aussi celui de rencontres, d’une certaine forme de fraternité qui naît quand les êtres sont un brin vulnérables, fragilisés par une certaine forme de solitude, et qui trouvent là comme une évidence de se lier. Nul doute que Socrate y verrait là une illustration de ses grands principes.

Ce roman c’est celui du désir ardent, celui d’une passion amoureuse, celui de l’attirance des corps, celui des pulsions charnelles. 

Anne-Lise AVRIL nous livre un premier roman envoûtant dans un climat de fin du monde. Elle laisse une trace dans la littérature contemporaine de la jeune génération, celle qui a 20 ans en 2020, qui ne se fait plus aucune illusion sur l’avenir de l’humanité mais elle ne saurait se résigner pour autant à mourir. Il y a ici ou là des hommes et des femmes assez fous pour rêver encore, RESISTER.

Anne-Lise AVRIL nous livre un premier roman d'une très grande maîtrise où les métaphores riment avec la couleur des sentiments. Les mots sont tendres et déchirants, la plume rythmée par les événements, le propos militant.

Si vous aussi prônez un été #jamaissansmon68, vous pouvez aussi opter pour... 

"Faire corps" de Charlotte PONS

"Aux amours" de Loïc DEMEY,

 "Les nuits bleues" de Anne-Fleur MURTON,

"Furies" de Julie RIOCCO,

"Les maisons vides" de Laurine THIZY, découvrez les premières lignes

"Ubasute" d’Isabel GUTIERREZ,

"Les envolés" d'Etienne KERN,

"Les enfants véritables" de Thibault BERARD, un coup de , découvrez les premières lignes

"Une nuit après nous" de Delphine ARBO PARIENTE

"Blizzard" de Marie VINGTRAS,

"Saint Jacques" de Bénédicte BELPOIS,

 "Les confluents" de Anne-Lise AVRIL,

"Le parfum des cendres" de Marie MANGEZ, découvrez les premières lignes

"Jour bleu" de Aurélia RINGARD

"Debout dans l'eau" de Zoé DERLEYN,

"La fille que ma mère imaginait" de Isabelle BOISSARD...

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2022-08-27T06:00:00+02:00

Felis Silvestris de Anouk LEJCZYK

Publié par Tlivres
Felis Silvestris de Anouk LEJCZYK

Éditions du Panseur

Le bal des 68 Premières fois  se poursuit avec un premier roman, "Felis Silvestris" de Anouk LEJCZYK.

Ce roman, c’est une plongée au cœur de la nature, une immersion en pleine forêt.

Depuis toujours, elle a entretenu une certaine distance avec les autres. Ça ne l’a pas empêchée de réussir à l’école, de trouver un travail mais pour avancer, elle s’est fait accompagner d’un psy. Et puis un jour, tout ça a explosé. Elle a tout quitté, rencontré une personne, s’est laissée porter, vers un territoire nouveau, là où la liberté se décline dans toutes ses formes, là où la vie a un sens, RÉSISTER.

Dans un roman choral, Anouk LEJCZYK, primo-romancière, déroule le fil de la vie d’une famille, Papa, Maman et les deux filles. Enfin, ça, c’était avant, parce que depuis que l’aînée a fui la maison, toutes les fondations de l’édifice se sont écroulées.
L’écrivaine brosse les portraits d’une mère angoissée, d’un père obsédé par la maladie de Lyme, et de deux sœurs à travers leurs confessions. La sœur cadette tente, tant bien que mal, de sauver le navire qui tangue.

J’ai profondément aimé les passages décrivant la nature, c’est vivant, c’est beau, c’est d’une effroyable fragilité.


Petit à petit, des oiseaux se mettent à chanter, timidement d’abord, puis de plus en plus nombreux, de plus en plus fort. Ils se répondent d’un bout à l’autre du bois, chacun y allant de son tempo, de sa mélodie - assemblée générale avant le lever du jour, cartographie musicale du territoire à défendre. P. 166

Ce roman, c’est un plaidoyer en faveur de la protection de l’environnement.


Oui, aurais-tu ajouté, les humains font ça : ils volent toutes les ressources d’une terre et la laissent éventrée, les tripes minérales à l’air, dessinant son propre cimetière. P. 11

A l’heure où les fortes chaleurs sévissent sur la France, il n’a jamais été aussi précieux que de varier les formes d’expression d’un même discours.

"Felis Silvestris", ou le pseudo de la sœur aînée dans sa forêt, tient un propos militant à bien des égards. Il y a bien sûr l’alerte donnée aux humains et la nécessité de protéger ce qui peut encore l’être, mais c’est aussi la possibilité de vivre autrement, de faire société dans une communauté. Elle trace la voie d’un monde… alternatif.


Certaines et certains restent un jour, deux semaines, une saison, puis s’en vont, souvent sans rien dire, ça fait partie du jeu. P. 80

C’est un très beau premier roman, une cure de jouvence portée par une narration au genre nouveau, dans laquelle les voix résonnent entre elles, une belle métaphore de ce que nous donne à voir Dame Nature. 

Et si on se quittait en musique... avec "Pierpoljak" par PIERPOLJAK !

http://tlivrestarts.over-blog.com/2022/08/pierpoljak-par-pierpoljak.html

http://tlivrestarts.over-blog.com/2022/08/pierpoljak-par-pierpoljak.html

Retrouvez les autres références de la #selection2022 :

"Laissez-moi vous rejoindre" d'Amina DAMERDJI

"Une nuit après nous" de Delphine ARBO PARIENTE

"Les enfants véritables" de Thibault BERARD

"Ubasute" d’Isabel GUTIERREZ,

"Les envolés" d'Etienne KERN,

"Faire corps" de Charlotte PONS

"Blizzard" de Marie VINGTRAS,

"Saint Jacques" de Bénédicte BELPOIS,

 "Les confluents" de Anne-Lise AVRIL,

"Le parfum des cendres" de Marie MANGEZ,

"Jour bleu" de Aurélia RINGARD

"Debout dans l'eau" de Zoé DERLEYN,

"La fille que ma mère imaginait" de Isabelle BOISSARD.

J'en ai abandonné trois : "Décomposée" de Clémentine BEAUVAIS, "Revenir fils" de Christophe Perruchas et "Aulus" de Zoé COSSON, mais les 68 Premières fois en parlent très bien.

Il me reste à lire : "Le voyant d'Etampes" d'Abel QUENTIN

#68premieresfois #68premieresfoisetplussiaffinité #68premieresfois2022 #litteraturefrancaise #premiersromans #68unjour68toujours
#bookstagram #selection2022 #premierroman #7anscasefete #onnarretepasles68 #un68sinonrien #touchepasamon68 #jepensedoncje68  #felissilvestris #anouklejczyk

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2022-08-17T12:40:52+02:00

Ubasute de Isabel GUTIERREZ

Publié par Tlivres
Ubasute de Isabel GUTIERREZ

Joséphine BAKER chantait "J'ai deux amours". Dans la #selection2022 des 68 Premières fois, j'ai deux coups de coeur, ""Les enfants véritables" de Thibault BERARD et "Ubasute" de Isabel GUTIERREZ.

Et puisque je ne lis plus les quatrièmes de couverture des livres depuis belle lurette, dans le cadre de l'édition estivale #jamaissansmon68, je vous propose de découvrir les premières lignes de ce roman publié aux éditions La fosse aux ours...

Ces premières lignes donnent à voir le ton du roman, la délicatesse de la plume de la primo-écrivaine, le raffinement d'une cérémonie à venir.

Marie s’apprête à réaliser son dernier voyage. Elle est malade. Elle va mourir, elle le sait. Sa dernière volonté, que son fils la porte jusqu'au Grand Rocher. D’ici là, lui va fabriquer la chaise dans laquelle elle s'installera, elle va préparer les quelques effets personnels qu'elle emmènera, un bol qu'elle a tourné elle-même, une natte, une couverture. Seule la date reste à fixer. Un jour, Marie téléphone à son fils. C’est le moment de partir.

S’il est question de faire de la mort son alliée, ce roman n’en est pas moins profondément lumineux. Le portrait de femme de Marie est fascinant. En attendant le grand jour, Marie revisite sa vie et, dans une narration qui alterne la première et la troisième personnes du singulier, elle nous livre ses confidences. Outre cette décision, tellement courageuse, du choix du moment et des modalités de sa fin de vie, elle est en quête d’une paix intérieure, une libération, une certaine forme de pardon.

Ce roman, c’est une ode à la vie.

La prose est tendre, les mots sont beaux.

"Ubasute", c’est un voyage intérieur, une quête spirituelle, une expérience humaine portée par l’espoir.

Ce roman, qui fête aujourd'hui sa première année de sortie en librairie, je l'ai aimé, passionnément, à la folie !

Petit récap de la #selection2022 :

"Laissez moi vous rejoindre" de Amida DAMERDJI

"Faire corps" de Charlotte PONS

"Aux amours" de Loïc DEMEY,

 "Les nuits bleues" de Anne-Fleur MURTON,

"Furies" de Julie RIOCCO,

"Les maisons vides" de Laurine THIZY, découvrez les premières lignes

"Ubasute" d’Isabel GUTIERREZ,

"Les envolés" d'Etienne KERN,

"Les enfants véritables" de Thibault BERARD, un coup de , découvrez les premières lignes

"Une nuit après nous" de Delphine ARBO PARIENTE

"Blizzard" de Marie VINGTRAS,

"Saint Jacques" de Bénédicte BELPOIS,

 "Les confluents" de Anne-Lise AVRIL,

"Le parfum des cendres" de Marie MANGEZ, découvrez les premières lignes

"Jour bleu" de Aurélia RINGARD

"Debout dans l'eau" de Zoé DERLEYN,

"La fille que ma mère imaginait" de Isabelle BOISSARD...

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2022-08-13T06:00:00+02:00

Laissez-moi vous rejoindre de Amina DAMERDJI

Publié par Tlivres
Laissez-moi vous rejoindre de Amina DAMERDJI
 
Le bal des 68 Premières fois  se poursuit avec un premier roman fascinant, « Laissez-moi vous rejoindre » de Amina DAMERDJI.
 
Une femme, Haydée SANTAMARÍA, à peine la soixantaine, se souvient de son enfance à Encrucijada à Cuba. Nous sommes en 1951, dans les pas de son frère, Abel, 6 ans plus jeune qu’elle, elle adhère au Parti orthodoxe, fondé par Eduardo CHIBÁS à La Havane en 1947. Prío SOCARRÁS est alors Président de la République. Haydée SANTAMARÍA ne sait pas encore que l’élan de la révolution cubaine la fera descendre dans la rue, l’impliquera jours et nuits en faveur du soulèvement, jusqu’au 26 juillet 1953…
 
Haydée SANTAMARÍA a l’arme à feu dans la bouche, elle s’apprête à tirer. 
 
Dans une narration à la première personne, comme une longue confession qui va vous prendre aux tripes, et par la voie du roman, une pure fiction, Amina DAMERDJI rend hommage à une révolutionnaire cubaine, une guerillera.
 
De ce mouvement, on se souvient bien sûr de Fidel CASTRO et de Che GUEVARA, les portraits emblématiques de cette révolte. L’autrice vient rendre justice à une femme militante, une prisonnière politique. En réalité, par la voie de cette biographie, Amina DAMERDJI rend hommage à toutes les femmes qui y étaient investies. A défaut, ne finiraient-elles pas, elles aussi, comme "Les grandes oubliées" ?
 
J’ai aimé découvrir les premières heures de son engagement pour son pays :


Mais c’est aussi parce que c’était la première fois que je manifestais dans un cortège. Peu à peu, la force de ces voix vibrant à l’unisson a fait battre mon cœur d’une manière spéciale, plus lentement mais plus puissamment aussi. P.

Son appartement deviendra progressivement le QG de la mobilisation révolutionnaire, elle vouera sa vie au combat jusqu’à l’assaut de la caserne de Moncada à Santiago de Cuba.
 
Quelle aurait été sa vie sans la présence d’Abel et ses actes politiques ? Le roman montre l’amour fraternel que vouait Haydée SANTAMARÍA pour son frère, Abel, mort sous les balles du régime...


Je pensais surtout à travers deux grands yeux brillants derrière leurs lunettes sales, ceux de mon frère. P. 89

Elle vouait à son frère un amour inconditionnel. Etait-elle une révolutionnaire dans l'âme qui n'attendait que son frère pour se révéler ? Son frère lui a-t-il permis de trouver une cause à défendre ? Dans tous les cas, Haydée SANTAMARÍA lui aura été fidèle toute sa vie. Rien, ni personne, ne viendra éroder ce lien, pas même Boris Luis SANTACOLOMA, lui aussi militant, l'amoureux de Haydée SANTAMARÍA.
 
Dans ce portrait brossé par l’écrivaine d'une femme publique, j'ai aimé découvrir aussi sa condition de femme des années 1950. 
 
Ce roman résonne comme une détonation, celle de l’arme de Haydée SANTAMARÍA contre elle-même, fatiguée d’avoir chaque année à tenir le même discours, tenir debout alors que les autres, eux, sont tombés fièrement sous les balles des militaires.
 
La plume de Amina DAMERDJI est fascinante et son premier roman une révélation. Merci aux fées des 68 d'avoir fait une place à ce roman historique dans cette #selection2022.
 
Avant de nous quitter, vous prendrez bien quelques notes de musique, du jazz revisité par le grand Franck SINATRA, c'est une référence de l'écrivaine elle-même.

Retrouvez les autres références de la #selection2022 :

"Une nuit après nous" de Delphine ARBO PARIENTE

"Les enfants véritables" de Thibault BERARD

"Aux amours" de Loïc DEMEY,

 "Les nuits bleues" de Anne-Fleur MURTON,

"Furies" de Julie RIOCCO,

"Ubasute" d’Isabel GUTIERREZ,

"Les envolés" d'Etienne KERN,

"Faire corps" de Charlotte PONS

"Blizzard" de Marie VINGTRAS,

"Saint Jacques" de Bénédicte BELPOIS,

 "Les confluents" de Anne-Lise AVRIL,

"Le parfum des cendres" de Marie MANGEZ,

"Jour bleu" de Aurélia RINGARD

"Debout dans l'eau" de Zoé DERLEYN,

"La fille que ma mère imaginait" de Isabelle BOISSARD...

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2022-08-10T19:36:34+02:00

Le parfum des cendres de Marie MANGEZ

Publié par Tlivres
Le parfum des cendres de Marie MANGEZ

Parce que je ne lis plus les quatrièmes de couverture des livres depuis belle lurette, dans le cadre de l'édition estivale #jamaissansmon68, je vous propose de découvrir les premières lignes d'un roman de la #selection2022 des 68 Premières fois : "Le parfum des cendres" de Marie MANGEZ aux Éditions Finitude, une immersion dans les profondeurs de l’âmeune lecture coup de poing.

 

Tout commence avec une scène aussi éblouissante que saisissante. Bernadette est sur son lit de mort. Sylvain, 37 ans, thanatopracteur depuis 9 ans, lui apporte les derniers soins, sous les yeux d’Alice, anthropologue, observatrice, qui prépare une thèse sur le sujet. La Grande Faucheuse est passée par là. Sylvain réalise les dernières volontés des défunts. Il donne la touche finale, éminemment gracieuse, à des corps apaisés sur qui le rideau du théâtre est tombé. Mais lui, Sylvain, comment en est-il arrivé là… un choix ou une pure foudroyante tragédie ?

Il y a des métiers plus que d’autres qui suscitent la curiosité, à moins que ça ne soit de la répugnance. La pratique de la thanatopraxie nécessite une expertise technique, la profession d’embaumeur depuis la nuit des temps requiert de la précision, de la minutie, dans les soins apportés aux défunts, de ceux qui redonnent au corps un semblant de vie. Avouons que dans le genre, Sylvain, personnage de fiction, va assumer son rôle à la  perfection.

Dès les premières lignes, avec les soins apportés au corps de Bernadette, j’ai été happée par le caractère solennel de la cérémonie à laquelle Sylvain se prête, comme un rituel ponctué par l’évocation d’arômes subtiles. 

Et pour prendre un peu de recul, qui mieux qu'Alice avec son énergie et sa fantaisie ? Le contraste des personnalités est croustillant à l'envi.  

Ce roman est éminemment sensoriel, du tactile, en passant par le visuel et l’olfactif, jusqu’au gustatif, comme autant d’opportunités de vibrer. Je ne suis pas prête d’oublier l’uppercut. La plume est glaçante comme les macchabés, éminemment poétique comme peut l’être un dernier souffle de vie, profondément lumineuse aussi.

Si vous aussi prônez un été #jamaissansmon68, vous pouvez aussi opter pour...

 

"Faire corps" de Charlotte PONS

"Aux amours" de Loïc DEMEY,

 "Les nuits bleues" de Anne-Fleur MURTON,

"Furies" de Julie RIOCCO,

"Les maisons vides" de Laurine THIZY, découvrez les premières lignes

"Ubasute" d’Isabel GUTIERREZ,

"Les envolés" d'Etienne KERN,

"Les enfants véritables" de Thibault BERARD, un coup de , découvrez les premières lignes

"Une nuit après nous" de Delphine ARBO PARIENTE

"Blizzard" de Marie VINGTRAS,

"Saint Jacques" de Bénédicte BELPOIS,

 "Les confluents" de Anne-Lise AVRIL,

"Le parfum des cendres" de Marie MANGEZ,

"Jour bleu" de Aurélia RINGARD

"Debout dans l'eau" de Zoé DERLEYN,

"La fille que ma mère imaginait" de Isabelle BOISSARD...

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2022-08-06T06:00:00+02:00

Une nuit après nous de Delphine ARBO PARIENTE

Publié par Tlivres
Une nuit après nous de Delphine ARBO PARIENTE

Editions Gallimard

Le bal des 68 Premières fois se poursuit avec le premier roman de Delphine ARBO PARIENTE : "Une nuit après nous".

 

Mona est une femme de 46 ans, elle a deux enfants d’un premier mariage, et la petite Rosalie avec Paul avec qui elle vit depuis 12 ans. Ça fait des années maintenant que Mona s’évertue à garder son passé cadenassé mais sa rencontre avec Vincent, professeur de Taï-chi, va ouvrir les vannes. Plus jamais la petite fille qui dormait en elle ne sera prisonnière.
 
Ce premier roman est bouleversant.
 
Il prend racine dans une histoire familiale complexe, la génération de ses grands-parents s’est exilée de Tunisie dans un contexte douloureux avec seulement quelques effets personnels sur le dos. Ils ont tout reconstruit mais nous étions dans les années 1960, et à cette époque, les logements étaient petits et miteux. Sa mère, quand elle était enfant, voulait fuir cet environnement familial toxique. Et puis, comme une prédisposition naturelle, il va y avoir une transmission de la douleur par la voie des femmes au fil des générations. Mona va hériter bien malgré elle de ce patrimoine lourd à porter qui va marquer son corps de son empreinte.
 
Vous l'avez compris, il y a dans ce nouveau roman de la #selection2022 des 68 une affaire de corps, de maltraitance du corps. Pour pouvoir se construire, Mona a choisi l'oubli, à moins que ça ne soit son cerveau qui ait pris les commandes.
 
C'est Adélaïde BON avec "Une petite fille sur la banquise" qui m'avait mise sur la voie avec un récit de vie aussi effroyable qu'éblouissant. Elle y expliquait ses mécanismes de protection lors de faits de violence. C'est un peu comme un instinct de survie. Le cerveau se déconnecte et engendre ce que l'on appelle une amnésie traumatique. Avec ce roman, et sans l'approche scientifique, Delphine ARBO PARIENTE illustre parfaitement le mal qui ronge Mona.
 
Dans ce roman, ce qui est intéressant, c'est aussi et surtout ce qui va provoquer la rupture avec un quotidien qui pourrait être qualifié d'ordinaire. Je suis totalement fascinée par ce que les rencontres peuvent générer en termes d'émotions. Là, c'est celle de Mona avec Vincent qui va tout bouleverser.


Et en ouvrant la trappe où j’avais jeté mes souvenirs, la petite est revenue, elle attendait, l’oreille collée à la porte de mon existence. P. 13

Il n'aura fallu qu'un sourire, un regard, une écoute, l'intonation d'une voix... pour que les souvenirs déferlent avec tout ce qu'ils charrient de souffrance mais aussi tout ce qui fait de la personne ce qu'elle est aujourd'hui. Je n'irai pas plus loin, bien sûr, au risque de dévoiler le charme de cette lecture. Je peux juste vous dire que les battements de mon coeur se sont accélérés à un rythme insoutenable, ce roman, je ne pouvais plus le lâcher.

"Une nuit après nous", c'est une libération...


Sa mémoire, ce n’est pas le passé qu’elle contient, mais le présent qui la déborde. P. 187

Ce roman m'a rappelé un extrait du poème "Confession" des Fleurs du Mal de Charles BAUDELAIRE :

"Tout à coup, au milieu de l'intimité libre

Eclose à la pâle clarté,

De vous, riche et sonore instrument où ne vibre

Que la radieuse gaieté,

De vous, claire et joyeuse ainsi qu'une fanfare,

Dans le matin étincelant,

Une note plaintive, une note bizarre,

S'échappa, tout en chancelant"

"Une nuit après nous", c'est aussi l'histoire d'une révélation. Mona vivait avec toute une part d'elle, de sa vie, de son itinéraire, qui lui était inaccessibles. Avec Vincent, c'est la promesse de retrouver ses origines, son enfance, son adolescence, sa vie de femme, adulte, c'est l'assurance de trouver des réponses à toutes ces questions qui la taraudaient, c'est un peu comme si elle trouvait la clé d'un trésor dont elle ne soupçonnait même pas l'existence. Ce roman, c'est une porte ouverte sur une (RE)naissance.

Finalement, l'écrivaine explore tout au long du roman le champ de la mémoire, celle des territoires, celle des hommes et des femmes. C'est fascinant.

Ce roman, construit en cinq chapitres comme une tragédie grecque, est aussi déchirant que lumineux. Il est servi par une plume d'une très grande sensibilité. J'évoquais l'instant de rupture quelques lignes plus haut. S'il est important pour le lecteur, il l'est plus encore pour l'auteur en termes d'écriture. C'est l'évènement qui rebat l'ensemble des cartes, un tout nouveau jeu s'offre à lui. A charge pour lui de rebondir, certains réussissent l'exercice comme Delphine ARBO PARIENTE, d'autres moins.

Ce premier roman, c'est une belle réussite. Bravo !

Et pour terminer, vous prendrez bien quelques notes de musique, classiques, choisies par l'écrivaine elle-même...

Retrouvez les autres références de la #selection2022 :

"Les enfants véritables" de Thibault BERARD

"Aux amours" de Loïc DEMEY,

 "Les nuits bleues" de Anne-Fleur MURTON,

"Furies" de Julie RIOCCO,

"Ubasute" d’Isabel GUTIERREZ,

"Les envolés" d'Etienne KERN,

"Faire corps" de Charlotte PONS

"Blizzard" de Marie VINGTRAS,

"Saint Jacques" de Bénédicte BELPOIS,

 "Les confluents" de Anne-Lise AVRIL,

"Le parfum des cendres" de Marie MANGEZ,

"Jour bleu" de Aurélia RINGARD

"Debout dans l'eau" de Zoé DERLEYN,

"La fille que ma mère imaginait" de Isabelle BOISSARD...

#68premieresfois #68premieresfoisetplussiaffinité #68premieresfois2022 #litteraturefrancaise #premiersromans #68unjour68toujours
#bookstagram #selection2022 #premierroman #7anscasefete #onnarretepasles68 #un68sinonrien #touchepasamon68 #jepensedoncje68  #unenuitaprèsnous #delphinearbopariente

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2022-08-03T06:59:50+02:00

Les enfants véritables de Thibault BERARD

Publié par Tlivres
Les enfants véritables de Thibault BERARD

Parce que je ne lis plus les quatrièmes de couverture des livres depuis belle lurette, dans le cadre de l'édition estivale #jamaissansmon68, je vous propose de découvrir les premières lignes d'un roman de la #selection2022 des 68 Premières fois : "Les enfants véritables" de Thibault BERARD chez Les éditions de L’Observatoire, un coup de coeur.  

 

 
Théo élève seul ses enfants, Simon et Camille, de 7 et 4,5 ans, depuis le récent décès de sa compagne Sarah. Cléo fait son entrée, tout en délicatesse, dans ce cocon familial meurtri. Elle est douce, Cléo, elle est gentille, et puis, c'est l'amoureuse de papa, alors chacun lui fait une petite place mais les démons ne cessent de hanter tout ce petit monde. Derrière les sourires se cachent la douleur de l'absence et du manque, la peur de la mort aussi. S'il est difficile d'accepter cette nouvelle présence et le petit pas de côté fait avec les habitudes, ce n'est pas plus simple pour Cléo, qui, elle-même, a connu une famille loin des standards. Elle a été élevée par son père, Paul, dans la vallée de l’Ubaye. Quand elle n'avait que 7 ans, elle a dû faire une place à César dont le père, alcoolique, était décédé. Il habitait juste à côté et Paul avait un grand coeur, alors, il l'avait adopté. Quant à Solène, c'était le fruit d'une relation extraconjugale. Diane Chastain n'a jamais assumé son rôle de mère. Cette « mère-herbe-folle » avait besoin d'air et disparaissait régulièrement. Après 15 mois d'absence, elle est rentrée à la maison. Elle était enceinte. Là aussi, Paul a fait amende honorable. Il aimait trop sa femme pour ne pas accepter ce bébé à naître. Alors pour Cléo, cette entrée en matière, c'est un peu comme un plongeon vers l'inconnu !
Quelle plus belle parole prononcée par sa fille...


- Mais Papa, on est d'accord, c'est moi ton enfant véritable ?

C'est comme ça que l'idée a germé dans l'esprit de Thibault BERARD d'écrire un second roman et de traiter le sujet. Je ne remercie jamais assez "sa Cléo".
Dès les premières pages, je me suis prise à penser que mon hamac allait rapidement devenir une piscine ! A la page 54, les premières larmes coulaient sur mes joues, des larmes de chagrin mais aussi, des larmes de bonheur, le bonheur de lire des mots aussi forts, aussi beaux.
Thibault BERARD n'en était pas à son coup d'essai. J'avais lu son premier roman, "Il est juste que les forts soient frappés", un coup de maître.
Ce roman, une nouvelle fois, est largement inspiré de la vie personnelle de l'auteur, mais pas que. Il y a aussi toute une part de son livre suggérée par son imaginaire. Et ce qui est merveilleux chez Thibault BERARD, c'est le jeu de la narration. Si dans les premières pages, il prête sa plume à Diane Chastain, un personnage féminin, il trouve un équilibre ensuite avec le "je" de Paul, son compagnon. Et puis, un peu comme quand vous montez dans un manège de chevaux de bois, passée l'installation, il y a la mise en mouvement dans un rythme lent, s'accélérant progressivement pour terminer dans un tourbillon étourdissant. Là, les voix se multiplient, résonnent entre elles, se lient, se croisent, s'entrecroisent... dans une ivresse totale.
Ce second roman, c'est un bijou !

Si vous aussi prônez un été #jamaissansmon68, vous pouvez aussi opter pour...

"Faire corps" de Charlotte PONS

"Aux amours" de Loïc DEMEY,

 "Les nuits bleues" de Anne-Fleur MURTON,

"Furies" de Julie RIOCCO,

"Ubasute" d’Isabel GUTIERREZ,

"Les envolés" d'Etienne KERN,

"Blizzard" de Marie VINGTRAS,

"Saint Jacques" de Bénédicte BELPOIS,

 "Les confluents" de Anne-Lise AVRIL,

"Le parfum des cendres" de Marie MANGEZ,

"Jour bleu" de Aurélia RINGARD

"Debout dans l'eau" de Zoé DERLEYN,

"La fille que ma mère imaginait" de Isabelle BOISSARD...

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2022-07-31T06:00:00+02:00

Variations Goldberg de Jean-Sébastien BACH

Publié par Tlivres
Variations Goldberg de Jean-Sébastien BACH

Le bal des 68 Premières fois se poursuit avec les Variations de Goldberg de Jean-Sébastien BACH enregistrées en 1981 par Glenn GOULD.

Ma #chansondudimanche relève parfois de mon inspiration, il arrive aussi qu'elle fasse partie de la playlist d'un auteur.

Si je ne peux pas vous en dire plus sur le roman que je vous présenterai samedi, je peux toutefois vous parler un peu de ces Variations.

Nous sommes à la fin du XVIIIème siècle quand le musicien et compositeur allemand crée cette oeuvre pour clavecin.

L'interprétation par Glenn GOULD est l'une des plus connues aujourd'hui. Glenn GOULD, c'est un pianiste classique canadien, il est né en 1932 et mort cinquante ans plus tard. Sous ses doigts, les Variations de Goldberg sont sublimées. Je vous laisse les écouter...

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2022-07-30T06:27:03+02:00

Faire corps de Charlotte PONS

Publié par Tlivres
Faire corps de Charlotte PONS
 
Le bal des 68 Premières fois se poursuit avec un second roman, "Faire corps" de Charlotte PONS.
 
Sandra, la narratrice, a la quarantaine. Depuis le drame de son petit frère, elle a pris la décision de ne jamais être mère. De fait, ses aventures avec les hommes n’ont été que de courte durée, des soirées sans lendemain. Quand son ami d’enfance, Romain, homosexuel, lui fait part de son désir d’un enfant et des nombreuses tentatives de GPA (Gestation Pour Autrui) aux Etats-Unis, sans succès, Sandra se retrouve malgré elle au cœur d’une sombre histoire de prêt de son corps.
 
La narration à la première personne de ce roman vous prend à la gorge dès les premières pages, et ce n’est pas le contexte actuel de retrait du droit à l’avortement de la Constitution américaine qui viendra désamorcer la bombe.
 
Avec ce roman, Charlotte PONS explore les différentes dimensions d’une mère…


Celle qui porte, celle qui met au monde, celle qui garde au monde, celle qui transmet, celle qui aime, celle qui nourrit, celle qui éduque. Qu’est-ce qui fait la mère ? P. 44

et pose la question de l’identité d’une femme à travers le filtre de la maternité.


J’avais dès l’enfance éprouvé ma nature périssable, devenue femme je comprenais que j’avais aussi une date de péremption. P. 121

L’itinéraire de Sandra illustre bien toutes les phases de la grossesse. Sous les projecteurs de la GPA, elle prend une dimension toute particulière, celle des doutes, ce qui rend le roman captivant. Imaginez, neuf mois à porter un enfant, neuf mois à perdre la totale maîtrise de son corps, et pas une seule seconde vous n’auriez de doute sur l’avenir de l’embryon qui deviendra fœtus, et puis un corps de chair et d’os, voué à d'autres que soi.
 
J’ai été profondément troublée par la distance à mettre avec ce bébé alors même que la société évolue et que tout invite à la fusion des corps, « faire corps », et que, voulue ou non, cette grossesse engendrera une microchimère, ce transfert de cellules fœtales vers le corps de la mère, modifiant à jamais son ADN. De cette grossesse, la mère porteuse en gardera l’empreinte jusqu'à la fin de sa vie. Tellement fascinant.
 
Et puis, dans ce roman, il y a des moments d’ivresse, des moments d’une intime beauté que rien d’autre dans la vie ne peut offrir que la maternité.
 
Ce second roman de Charlotte PONS est d’une force incroyable.
 
Ce roman aurait pu être militant, il ne l’est pas, il met toutefois le doigt sur les enjeux éthiques, sociaux, économiques, sanitaires, politiques… que revêt la GPA. L’écrivaine nourrit notre position personnelle sur le sujet. Par le biais d'une fiction, la situation des mères porteuses ukrainiennes au tout début de la guerre, sur lesquelles j'avais beaucoup lu dans les médias, résonne d'une toute nouvelle manière.
 
La plume de Charlotte PONS est directe et les mots puissants. Frappée en plein cœur.

Et parce qu'il ne peut y avoir de bal des 68 Premières fois sans musique, je vous propose "Summertime" de Ella FITZGERALD, la grande Dame du Jazz noir américain. Ce titre faisait partie de la playlist de Charlotte PONS !

http://tlivrestarts.over-blog.com/2022/07/summertime-d-ella-fitzgerald.html

http://tlivrestarts.over-blog.com/2022/07/summertime-d-ella-fitzgerald.html

Retrouvez les autres références de la #selection2022 :

"Les enfants véritables" de Thibault BERARD

"Aux amours" de Loïc DEMEY,

 "Les nuits bleues" de Anne-Fleur MURTON,

"Furies" de Julie RIOCCO,

"Ubasute" d’Isabel GUTIERREZ,

"Les envolés" d'Etienne KERN,

"Blizzard" de Marie VINGTRAS,

"Saint Jacques" de Bénédicte BELPOIS,

 "Les confluents" de Anne-Lise AVRIL,

"Le parfum des cendres" de Marie MANGEZ,

"Jour bleu" de Aurélia RINGARD

"Debout dans l'eau" de Zoé DERLEYN,

"La fille que ma mère imaginait" de Isabelle BOISSARD...

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2022-07-27T06:49:19+02:00

Les Maisons vides de Laurine THIZY

Publié par Tlivres
Les Maisons vides de Laurine THIZY

Parce que je ne lis plus les quatrièmes de couverture des livres depuis belle lurette, dans le cadre de l'édition estivale #jamaissansmon68, je vous propose de revenir sur un roman de la #selection2022 des 68 Premières fois : "Les maisons vides" de Laurine THIZY aux Éditions de L’Olivier, lauréat du Prix du roman Marie-Claire et du Prix Régine DEFORGES du premier roman. 

Le rapport au corps est le fil rouge de ce premier roman orchestré d’une main de maître. Depuis ses premiers jours, Gabrielle a dû apprendre à dompter ce corps, inachevé du prématuré, mal formé par l’infirmité, maîtrisé par la pratique sportive qui ne manque pas de reprendre ses droits dès le premier effort abandonné. C’est le jeu d’équilibre d’une vie qui, chez Gabrielle, prend une dimension toute particulière.

Laurine THIZY aborde les sujets de la maladie, la mort et la religion, pour ne citer que ceux-là.

Quelle plume, la main de fer dans un gant de velours,

Quelle construction narrative, une alternance de chapitres méticuleusement rythmés,

Quel premier roman, une lecture coup de poing, tout simplement.

J'en suis sortie K.O., bravo !

Si vous aussi prônez un été #jamaissansmon68, vous pouvez aussi opter pour...

"Les enfants véritables" de Thibault BERARD

"Aux amours" de Loïc DEMEY,

 "Les nuits bleues" de Anne-Fleur MURTON,

"Furies" de Julie RIOCCO,

 

"Ubasute" d’Isabel GUTIERREZ,

"Les envolés" d'Etienne KERN,

"Blizzard" de Marie VINGTRAS,

"Saint Jacques" de Bénédicte BELPOIS,

 "Les confluents" de Anne-Lise AVRIL,

"Le parfum des cendres" de Marie MANGEZ,

"Jour bleu" de Aurélia RINGARD

"Debout dans l'eau" de Zoé DERLEYN,

"La fille que ma mère imaginait" de Isabelle BOISSARD...

#68premieresfois #68premieresfoisetplussiaffinité #68premieresfois2022 #litteraturefrancaise #premiersromans #68unjour68toujours
#bookstagram #selection2022 #premierroman #7anscasefete #onnarretepasles68 #un68sinonrien #touchepasamon68 #jepensedoncje68  #lesmaisonsvides #laurinethizy

 

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2022-07-02T06:00:00+02:00

Les enfants véritables de Thibault BERARD

Publié par Tlivres
Les enfants véritables de Thibault BERARD

Le bal des 68 Premières fois se poursuit. 

Après :

"Aux amours" de Loïc DEMEY,

 

 "Les nuits bleues" de Anne-Fleur MURTON,

"Les maisons vides" de Laurine THIZY,

"Furies" de Julie RIOCCO,

"Ubasute" d’Isabel GUTIERREZ,

"Les envolés" d'Etienne KERN,

"Blizzard" de Marie VINGTRAS,

 

"Saint Jacques" de Bénédicte BELPOIS,

 "Les confluents" de Anne-Lise AVRIL,

"Le parfum des cendres" de Marie MANGEZ,

"Jour bleu" de Aurélia RINGARD

"Debout dans l'eau" de Zoé DERLEYN,

"La fille que ma mère imaginait" de Isabelle BOISSARD,

place au second roman de Thibault BERARD, "Les enfants véritables" chez Les éditions de L’Observatoire, un coup de coeur.
Théo élève seul ses enfants, Simon et Camille, de 7 et 4,5 ans, depuis le récent décès de sa compagne Sarah. Cléo fait son entrée, tout en délicatesse, dans ce cocon familial meurtri. Elle est douce, Cléo, elle est gentille, et puis, c'est l'amoureuse de papa, alors chacun lui fait une petite place mais les démons ne cessent de hanter tout ce petit monde. Derrière les sourires se cachent la douleur de l'absence et du manque, la peur de la mort aussi. S'il est difficile d'accepter cette nouvelle présence et le petit pas de côté fait avec les habitudes, ce n'est pas plus simple pour Cléo, qui, elle-même, a connu une famille loin des standards. Elle a été élevée par son père, Paul, dans la vallée de l’Ubaye. Quand elle n'avait que 7 ans, elle a dû faire une place à César dont le père, alcoolique, était décédé. Il habitait juste à côté et Paul avait un grand coeur, alors, il l'avait adopté. Quant à Solène, c'était le fruit d'une relation extraconjugale. Diane Chastain n'a jamais assumé son rôle de mère. Cette « mère-herbe-folle » avait besoin d'air et disparaissait régulièrement. Après 15 mois d'absence, elle est rentrée à la maison. Elle était enceinte. Là aussi, Paul a fait amende honorable. Il aimait trop sa femme pour ne pas accepter ce bébé à naître. Alors pour Cléo, cette entrée en matière, c'est un peu comme un plongeon vers l'inconnu !
Dès les premières pages, je me suis prise à penser que mon hamac allait rapidement devenir une piscine ! A la page 54, les premières larmes coulaient sur mes joues, des larmes de chagrin mais aussi, des larmes de bonheur, le bonheur de lire des mots aussi forts, aussi beaux.

Thibault BERARD explore avec gourmandise et tout en délicatesse l'entrée de Cléo, le personnage principal de cet opus, dans la famille de Théo. Il s'agit d'un lent apprivoisement, de l'un, de l'autre, des uns, de l'autre, parce que oui, il y a une communauté initiale... à trois, et un individu de plus qui va progressivement chercher sa place, un peu comme un corps étranger à greffer dont on attend l'acceptation ou le rejet. Au gré, des opportunités, festives les premières, courantes de la vie pour les suivantes, les choses lentement s'organisent sous l'autorité d'un chef d'orchestre, Théo, le dénominateur commun de tous. Théo c'est le père, Théo c'est l'homme fou amoureux de Cléo, Théo c'est l'amant de Cléo.

Les fondations de cette nouvelle famille reposent sur ses épaules, à lui. C'est un sacré pari pris sur l'harmonie d'un groupe, l'alliance entre ses membres, la solidarité, la fraternité, l'équilibre, tout ce qui a besoin, pour se construire, de beaucoup d'amour, mais aussi, de mots. Avec Thibault BERARD, je suis toujours impressionnée l'exploration des maux. A chaque sujet, l'expression et le partage de sentiments, d'états d'âme, d'émotions que l'auteur sait allégrement transmettre à ses lecteurs.

Thibault BERARD traite ici magnifiquement de la mère, légitime et d'adoption, de son rôle, de sa place. A travers deux personnages qu'il fait se croiser, celui de Diane Chastain, la mère de Cléo, cette actrice qui a préféré se consacrer à sa vie professionnelle, et celui de Cléo qui consacre ses jours et ses nuits à tisser du lien. Ce que j'aime chez Thibault BERARD, c'est qu'il n'y a pas de jugement, chacun mène sa vie comme il croit bon de la mener, faisant des choix, les assumant... ce qui n'empêche pas d'avoir des prises de conscience et de vouloir changer du tout au tout.

L'écrivain restitue magnifiquement les sensations des femmes et leur rôle dans l'approche des enfants, ces trésors de candeur, qu'elles vont accompagner, au fil du temps, dans leur construction d'adulte. Il est question de transmission dans la relation et de confiance pour permettre à chacun de trouver sa voie, s'émanciper et passer à l'expression de soi... Ainsi se construit une constellation avec toutes ces étoiles qui ne demandent qu'à scintiller.

 

Ce roman, une nouvelle fois, est largement inspiré de la vie personnelle de l'auteur, mais pas que. Il y a aussi toute une part de son livre suggérée par son imaginaire. Et ce qui est merveilleux chez Thibault BERARD, c'est le jeu de la narration. Si dans les premières pages, il prête sa plume à Diane Chastain, un personnage féminin, il trouve un équilibre ensuite avec le "je" de Paul, son compagnon. Et puis, un peu comme quand vous montez dans un manège de chevaux de bois, passée l'installation, il y a la mise en mouvement dans un rythme lent, s'accélérant progressivement pour terminer dans un tourbillon enivrant. Là, les voix se multiplient, résonnent entre elles, se lient, se croisent, s'entrecroisent... dans une ivresse totale.

L'écrivain, qui a le souci du détail, pousse la fantaisie jusque dans les titres de chapitres qui, pour certains, prendront la forme d'une ritournelle.

Impossible de vous quitter sans la playlist de Thibault BERARD, j'y ai choisi "Ready to start" de Arcade Fire. Cette chanson colle à merveille au propos, je vous assure, parce que... je ne vous ai pas tout dit !

https://youtu.be/9oI27uSzxNQ

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2022-06-29T06:00:00+02:00

Cet été, #jamaissansmon68 !

Publié par Tlivres
Cet été, #jamaissansmon68 !

Cet été, ça sera #jamaissansmon68 ! 

Je reviendrai régulièrement sur mes lectures de la #selection2022, histoire de mettre sous les projecteurs des premiers et seconds romans qui méritent toute votre attention.

Alors, aujourd'hui, récap de mes belles lectures :

 "Les nuits bleues" de Anne-Fleur MURTON

"Les maisons vides" de Laurine THIZY, lauréat du Prix du roman Marie-Claire,

"Furies" de Julie RIOCCO, lauréat du Prix Saint-Georges de la Librairie Gibier de Pithiviers

"Ubasute" d’Isabel GUTIERREZ, un coup de coeur,

"Les envolés" d'Etienne KERN, sacré Goncourt du Premier roman 2022

"Blizzard" de Marie VINGTRAS, lauréat du Prix des Libraires et du Prix [métro] Goncourt,

"Saint Jacques" de Bénédicte BELPOIS,

 "Les confluents" de Anne-Lise AVRIL,

"Le parfum des cendres" de Marie MANGEZ,

"Jour bleu" de Aurélia RINGARD,

"Debout dans l'eau" de Zoé DERLEYN,

"Aux amours" de Loïc DEMEY,

"La fille que ma mère imaginait" de Isabelle BOISSARD.

Alors, certains vous font envie ?

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2022-06-26T06:00:00+02:00

Ready to start de Arcade Fire

Publié par Tlivres
Ready to start de Arcade Fire

Le bal des 68 Premières fois se poursuit.

Il y en a qui s'imposent de fait, par leur tonalité, leurs paroles, leur titre.

Il y en a d'autres qui sont puisées dans la playlist du romancier comme ma #chansondudimanche aujourd'hui.

Vous ne saurez que samedi prochain qui se cache derrière un coup de coeur de cette #selection2022. 

Là, parlons un peu de Arcade Fire. Il s'agit d'un groupe de rock québécois lancé dans les années 2000. Il a sorti son 6ème album, WE, très récemment, en mai 2022. 

Ce titre, "Ready to start", est comme une invitation à engager une lecture qui deviendra inoubliable. C'est un single sorti en octobre 2010.

Dès la première phrase il est question de sang, c'est bien l'objet du livre dont je vous parlerai très bientôt, le sang de la filiation.

Mais je crois que j'ai assez parlé, maintenant musique !

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2022-06-25T06:00:00+02:00

La fille que ma mère imaginait de Isabelle BOISSARD

Publié par Tlivres
La fille que ma mère imaginait de Isabelle BOISSARD

Le bal des 68 Premières fois se poursuit. 

Après :

"Aux amours" de Loïc DEMEY

 "Les nuits bleues" de Anne-Fleur MURTON

"Les maisons vides" de Laurine THIZY,

"Furies" de Julie RIOCCO,

"Ubasute" d’Isabel GUTIERREZ,

"Les envolés" d'Etienne KERN,

"Blizzard" de Marie VINGTRAS,

"Saint Jacques" de Bénédicte BELPOIS

 "Les confluents" de Anne-Lise AVRIL

"Le parfum des cendres" de Marie MANGEZ

"Jour bleu" de Aurélia RINGARD

"Debout dans l'eau" de Zoé DERLEYN

place au premier roman de Isabelle BOISSARD : "La fille que ma mère imaginait" chez Les Avrils.

Il y a cet anniversaire avec un cadeau original, un atelier d’écriture, et puis un nouveau grand départ, le lot commun des expatriés, toujours entre deux avions. Après Limoges, en guise d’amuse-bouche, l’étranger, le grand saut. Après la Suède, l’Italie, place à Taïwan, l’Asie, changement d’environnement, de climat, de cuisine… une sacrée épreuve pour une conjointe-suiveuse, c’est comme ça qu’est appelée celle qui suit son mari qui travaille, celui qui entretient sa famille, mais tout ça ne serait rien encore sans un appel téléphonique des plus alarmants…
 
Au rythme d’un journal intime, alimenté au gré des émotions de la narratrice dont on devine qu’elles sont largement inspirées du parcours personnel de la primo-écrivaine, le roman dévoile le quotidien d’une femme en mal du pays, mal-être, mal tout court. 
 
Vendu comme ça, ce premier roman pourrait être un brin dissuasif mais surtout, ne reculez pas, non, ce roman c’est un ton, humoristique, caustique, vous allez rire, jaune !
 
La jeune femme, mère de deux enfants, mariée avec Pierre, sœur de deux garçons, fille d’un père décédé d’un cancer quand elle n’avait que 10 ans, et d’une mère… dont je vais taire le sort, elle a beaucoup de choses à dire sur sa vie… plurielle ! Ne vous attendez pas à de la bienveillance, non, la narratrice vous sert le tout à bâton rompu, en toute franchise, à bas le conformisme et autres arrangements raisonnables. Toutes vérités ne seraient pas bonne à dire, là, le venin est craché pleine figure !
 
Vous allez être poussé dans le mur. A vous de voir si vous avez envie d’être l’avocat du diable et l’inviter à modérer le propos…
 
Outre le fait de découvrir ce territoire méconnu qu’est Taïwan, ses tribulations politiques depuis la fin de l’occupation japonaise, j’ai beaucoup aimé l’humour qui traverse l’ensemble du roman


J’aimerais que le corps soit une chose extérieure que l’on puisse déposer devant soi. On pourrait passer son corps à la machine, le faire sécher, le recoudre, et pourquoi pas une fois trop usé, le jeter. Il suffirait alors de s’en acheter un nouveau. Neuf ou bien d’occasion, si on est écolo. Puisque tout le monde semble avoir un complexe, je suis convaincue qu’il aurait un marché incroyable pour troquer ou vendre son corps. www.leboncorps.com. P. 33

Et puis, il y a l’approche de la langue, cette partie visible de l’iceberg de ce qu’est chacun…


Le problème n’est pas d’appendre la langue, mais de comprendre toute une conception du monde. Il n’y a pas un filtre, mais de multiples interprétations. P. 71

Un élément incontournable de l’interculturalité. J’ai beaucoup pensé au père de l’ethnopsychiatrie, Tobie NATHAN, qui dit la même chose en d’autres mots.
 
Il y a encore cette analyse de ce que peut être une mère…


Une vraie mère courage. De celles qui se surpassent, qui se dépassent même. Mais se dépasser, c’est aussi prendre le risque de passer à côté de soi. P. 134

Il y a son regard sur ce qu’elle vit de sa relation avec ses filles et celui, surtout, posé sur celui de sa propre mère. 
 
Ce premier roman est très réussi, d’abord parce qu’il m’a fait rire. C’est suffisamment rare pour le préciser ! Je vais pouvoir préparer mon calendrier de l’ #Aventlitteraire sereinement ! Il est singulier aussi dans le regard posé sur le monde, cynique. A méditer sans modération !
 
Impossible de vous quitter sans quelques notes de musique. J’invite Rihanna à chanter son titre « Farewell »… savourez 🎶 
http://tlivrestarts.over-blog.com/2022/06/farewell-de-rihanna.html

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2022-06-23T06:00:00+02:00

Ubasute de Isabel GUTIERREZ

Publié par Tlivres
Ubasute de Isabel GUTIERREZ

Ma #citationdujeudi est l'occasion de revenir sur un coup de coeur, un premier roman sélectionné par les fées des 68, un roman inoubliable, un roman qui me fait frissonner rien que de l'évoquer. Il s'agit de "Ubasute" de Isabel GUTIERREZ aux éditions La fosse aux ours.

Marie s’apprête à réaliser son dernier voyage. Elle est malade. Elle va mourir, elle le sait. Sa dernière volonté, que son fils la porte jusqu'au Grand Rocher. D’ici là, lui va fabriquer la chaise dans laquelle elle s'installera, elle va préparer les quelques effets personnels qu'elle emmènera, un bol qu'elle a tourné elle-même, une natte, une couverture. Seule la date reste à fixer. Un jour, Marie téléphone à son fils. C’est le moment de partir.

Il y a tout un tas de manières d’imaginer sa fin de vie.

Aux Etats-Unis, les gens font appel à une doula, cette personne qui va tout prendre en charge, se substituant aux enfants souvent occupés à vivre leur vie, loin, comme l'évoque si tendrement Jodi PICOULT dans son dernier roman, "Le Livre des deux chemins". Cette pratique arrive depuis peu en France.

Au Japon, il y aurait une tradition, l'ubasute, qui consisterait à demander à quelqu’un de nous porter sur son dos pour l'ascension d’une montagne, là où l’on rendrait notre dernier souffle.

S’il est question de faire de la mort son alliée, ce roman n’en est pas moins profondément lumineux. Le portrait de femme de Marie est fascinant. En attendant le grand jour, Marie revisite sa vie et, dans une narration qui alterne la première et la troisième personnes du singulier, elle nous livre ses confidences. Outre cette décision, tellement courageuse, du choix du moment et des modalités de sa fin de vie, elle est en quête d’une paix intérieure, une libération, une certaine forme de pardon.

 

La prose est tendre et délicate, les mots sont beaux. « Ubasute », c’est un voyage intérieur, une quête spirituelle, une expérience humaine portée par l’espoir. Ce roman je l'ai aimé, passionnément, à la folie !

Et pour que ce moment s'achève tout en beauté, vous prendrez bien quelques notes de musique... aussi ! "Sublime et silence" de Julien DORE.

http://tlivrestarts.over-blog.com/2022/03/sublime-et-silence-de-julien-dore.html

http://tlivrestarts.over-blog.com/2022/03/sublime-et-silence-de-julien-dore.html

Retrouvez mes lectures de cette #selection2022 :

"Aux amours" de Loïc DEMEY

 "Les nuits bleues" de Anne-Fleur MURTON

"Les maisons vides" de Laurine THIZY,

"Furies" de Julie RIOCCO,

"Ubasute" d’Isabel GUTIERREZ,

"Les envolés" d'Etienne KERN,

"Blizzard" de Marie VINGTRAS,

 

"Saint Jacques" de Bénédicte BELPOIS

 "Les confluents" de Anne-Lise AVRIL

"Le parfum des cendres" de Marie MANGEZ

 

"Jour bleu" de Aurélia RINGARD

"Debout dans l'eau" de Zoé DERLEYN

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